En quelques mots

Bref historique de l’Académie

  • Bien qu’elle ait connu un prélude avec la Petite Académie (1859-1860), l’Académie salésienne a été fondée le 21 août 1878 à l’occasion des fêtes qui firent de saint François de Sales un docteur de l’Église. Durant ces événements, qui ont été déterminants pour sa fondation, un groupe d’ecclésiastiques, comptant notamment le chanoine Pierre-François Poncet et le supérieur du grand séminaire d’Annecy, décide de créer une société dont l’objet général sont les sciences ecclésiastiques et profanes (ce que de nos jours on appellerait les sciences humaines et sociales). L’influence des évêques d’Annecy, Mgrs Magnin et Isoard, est également prépondérante pour la création de l’Académie. Dès le départ, il fallut se démarquer d’une autre société savante, déjà existante à Annecy : l’Académie florimontane. On procéda à une sorte de partage des « attributions » : à la Salésienne, l’analyse de l’œuvre religieuse et théologique de saint François de Sales, à la Florimontane, l’étude de ses ouvrages humanistes et littéraires. Dans la réalité, on constate que les Mémoires et documents de l’Académie salésienne traitent principalement d’histoire, plus que de théologie, assez curieusement.
    L’Académie se développe considérablement et connaît son âge d’or entre 1880 et 1914. Elle est alors majoritairement composée d’ecclésiastiques (chanoines, prêtres érudits, vicaires généraux…) qui se partagent la plupart des 56 sièges de membres effectifs, tandis que notables, nobles, membres de professions libérales (en bref surtout les laïcs) constituent la masse des cotisants sous forme de membres agrégés.
    C’est l’époque où les publications (surtout les monographies communales) sont fort vivaces et puisent largement dans les dépôts d’archives savoyards, où les sciences historiques dominent encore largement le monde intellectuel et où l’Académie trouve un vivier d’adhérents dans le séminaire diocésain.
    L’Entre-Deux-Guerres voit apparaître les signes d’un déclin, lent mais certain. Malgré les efforts du chanoine Rebord, président en 1927, qui peut cette année-là faire culminer le nombre de membres au chiffre de 317 (le plus haut chiffre jamais atteint), les activités de l’Académie s’essoufflent et se réduisent entre 1945 et 1968. Durant ces décennies, la présence des ecclésiastiques décroît considérablement, de même que les auteurs qui contribuent aux Mémoires et documents (pratiquement « portés » par le président, le chanoine Coutin).
    La nomination de Roger Devos à la présidence de la société (1972) annonce son renouveau. La qualité des publications et des activités s’en ressent et ses successeurs veilleront à maintenir l’effort initié, tandis que les membres se recrutent de plus en plus parmi les laïcs, en raison notamment de la baisse du nombre de prêtres dans le diocèse. L’Académie salésienne a sans doute contribué durant son long siècle d’existence à maintenir l’identité culturelle de la Savoie (et spécialement celle des territoires de l’ancien diocèse de Genève). En se laïcisant, elle s’est ouverte à des travaux qui ne touchent pas seulement l’histoire religieuse et n’a pas hésité à soutenir des colloques internationaux (sur les collégiales en 1990 par exemple). En ce qui concerne les locaux de l’Académie, soulignons qu’elle a été fondée là où elle a son siège actuel : le grand séminaire d’Annecy. La séparation de l’Église et de l’État (1905) la contraint à déplacer son bureau, ses archives et sa bibliothèque à l’hôtel Bagnoréa, dans la vieille ville d’Annecy, avant qu’une décision de justice ne lui permette de retourner au grand séminaire en 1920. L’acquisition de ce bâtiment par le Conseil général de la Haute-Savoie (1973), qui soutient l’association, permit son maintien dans ces murs.Le conservatoire d’Art et d’Histoire à Annecy, siège de l’Académie (cliché Y. Connac)

 

Actuellement, l’Académie salésienne est une association de type « loi de 1901 », forte de près d’environ 160 adhérents. Elle est ouverte à tous ceux qui s’intéressent à la histoire de la Savoie et participe aux événements majeurs de la culture et du patrimoine des deux départements savoyards. Animé par un bureau d’une dizaine de personnes, elle fait partie intégrante de plusieurs projets dans le cadre de l’Union des Sociétés savantes de Savoie. Ses conférences, ses visites, ses publications de renommée nationale et internationale offrent une image renouvelée des académies tout un maintenant un niveau scientifique satisfaisant.

Bibliographie

  • Granchamp, G., La Petite Académie, prélude à l’Académie salésienne, Mélanges dédiés à la mémoire de Pierre Soudan, Annecy, 2004, p. 191-207.
  • Grange, D., Une création ecclésiastique originale à la fin du XIXe siècle : l’Académie salésienne d’Annecy, Accademie, salotti, circoli nell’arco alpino occidentale, il loro contributo alla formazione di una nuova cultura tra Ottocento e Novecento, atti del XVIII colloque franco-italien, Torre Pellice, 6-8 ottobre 1994, Turin, 1995, p. 145-157.
  • Soudan, P., L’Académie salésienne, L’Histoire en Savoie, mars 1991, n° 101, p. 68-77.